En séjour à Bukavu en Provenance de la Belgique, le Professeur Dimitri Van Der Linden a tenu une conférence le jeudi 14 décembre 2023 à l’amphithéâtre de l’Université Catholique de Bukavu(UCB) situé dans les enceintes de l’Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu(HPGRB).
Pendant près de 3 heures, ce professeur de l’Université Catholique de Louvain (UCL) a édifié plusieurs médecins, infirmiers de l’HPGRB ainsi que des médecins stagiaires (MS) sur le thème “d’un monde à l’autre, défis face à la résistance aux antibiotiques”.
Dans son exposé, le Prof. Dimitri a fait part de certaines évaluations et débats menés en Afrique face à l’antibiorésistance dans le monde. Il a prévenu qu’en 2050, si rien n’est fait, il y aura un problème de santé publique lié à l’antibiorésistance. Il a insisté sur les 3 niveaux de lutte contre la résistance; la prévention et le contrôle des infections, l’utilisation raisonnée des antibiotiques dans la santé humaine, animale et végétale évoquant la notion de one health et enfin il a parlé de la microbiologie ( détection et l’identification des pathogènes et leur sensibilités aux antibiotiques) promouvant un choix judicieux et efficient des antibiotiques.
Il a profité de cette occasion pour présenter les progrès en matière de prise en charge des pathogènes résistants à tous les antibiotiques. Il s’agit de la phagothérapie. Les phages étant des virus prédateurs des bactéries et inoffensifs pour les organismes humains, les phages ou bactériophages combattent spécifiquement et de manière ultra ciblée les bactéries et permettent ainsi de lutter contre les infections microbiennes.
Il recommande cependant de recourir au premier pallier; la prévention et contrôle des infections pour éviter les contaminations intra-hospitalières.
“Le plus grand défi demeure l’éducation de la masse sur les mesures préventives. Par exemple, il est bien indiqué d’observer les règles d’hygiène, par exemple les lavages des mains pour éviter les infections manuportées lors de l’administration des soins aux malades en ambulatoire et surtout en hospitalisation, l’usage abusif des antibiotiques sans prescription médicale et par conséquent la consommation de tout médicament sans l’avis préalable d’un personnel qualifié. En plus en cas d’infection, il importe de s’assurer que tous les moyens sont réunis pour de bons diagnostics microbiologiques (hémoculture, identification de la présence d’un microorganisme pathogène c’est-à-dire bactérie ou champignon, dans le sang du patient et antibiogramme). Une fois les résultats obtenus, bien administrer les antibiotiques usuels en s’assurant de savoir quelle dose donner, quand, à qui, pour quelle durée. Pour ce faire, il a parlé du Minilab, un mini laboratoire adapté aux hôpitaux de district dans les pays à ressources limitées.
A l’issue de cet exposé, les participants ont été satisfaits de ces échanges si riches, un bagage de plus dans le cadre de leur travail quotidien ;
“Nous sommes très contents de toutes les réponses à nos différentes préoccupations concernant cette thématique. Nous remercions la direction de l’hôpital pour cette idée géniale ainsi que le prof. Dimitri pour sa disponibilité. Il est à rappeler que la formation médicale continue systématique et accréditée du personnel médical et paramédical est un moyen non négligeable pour réduire sensiblement l’utilisation abusive des antibiotiques dans notre contexte. Cela prévient ainsi la résistance aux antibiotiques et ainsi évite la complication de traitement des infections causées par les bactéries” laisse entendre un médecin.
Signalons que cette activité a débuté à 15 heures et s’est déroulée sous la modération du docteur Bwana Kasengi Joe, pédiatre à l’HPGRB.
Y ont pris part notamment le Prof. Dr. Guy Mulinganya, médecin directeur de l’HPGRB, le médecin directeur adjoint le Dr Ghislain Maheshe, le doyen de la faculté de médecine de l’UCB, le prof. Dr. Manix Masimango et plusieurs autres prestataires de tous les départements confondus de l’hôpital provincial.